Centre de services scolaire
de Montréal

Centre de services scolaire de Montréal


8 juin 2018

Des débuts modestes au 19e siècle

Au 19e siècle, c’est la direction de l’école qui détermine la place que doit occuper la « culture physique » dans le cursus scolaire. En 1877, le programme d’études de la Commission souligne: « Il y a dans toutes les classes des exercices « callisthéniques » une fois la semaine ». En 1886, le programme exige cinquante minutes de récréation par semaine pour les élèves du primaire.

Des exercices militaires et des corps de cadets 1900-1920

En 1900, l’enseignement de la gymnastique dans les écoles de la Commission coïncide avec la création des corps de cadets. La plupart des instructeurs-enseignants sont des officiers militaires qui sont supervisés par le ministère de la Défense nationale. En 1922, le manuel de la Fondation Strathcona d’Ottawa est utilisé par la commission scolaire.

Thomas-Henri Scott (1880-1926)

Le sergent-major Thomas-Henri Scott est l’un des pionniers de l’éducation physique au Québec. Il enseigne de 1905 à 1914 pour la Commission. En 1905, il est à l’Académie du Plateau (rue Sainte-Catherine). En 1906, il fonde la ligue interscolaire de gymnastique. En 1906, la Commission autorise à la mise en place d’une salle de gymnastique à l’Académie du Plateau.

Le 16 juin 1906, Thomas-Henri Scott organise un concours de gymnastique pour 300 élèves de la Commission, à l’Aréna de Montréal (rues Sainte-Catherine et Wood). Notamment avec les élèves des écoles : Champlain, Belmont, Le Plateau, Edward-Murphy, Montcalm, Olier et Sarsfield. Le concours est jugé par des militaires et l’archevêque de Montréal, Paul Bruchési (1855-1939) remet les médailles aux participants. Le poète national Louis Fréchette (1839-1908) assiste à l’événement.

Le 5 janvier 1907, la Commission inaugure en grande pompe sur le terrain de l’Académie du Plateau, devant des centaines de personnes, l’une des premières patinoires scolaires. Les commissaires demandent au major Scott d’organiser le spectacle sportif avec la participation d’une centaine d’écoliers. Son biographe, l’archiviste Gilles Janson, considère Thomas-Henri Scott comme « le père de l’éducation physique chez les francophones du Québec. »

Le programme de 1915.

En 1915, la Commission publie son programme de culture physique :

« Dans toutes les écoles de la Commission, les élèves, sous la direction de leurs maîtres et maîtresses, consacrent quelques minutes le matin et le soir, pendant les classes, à des exercices physiques réguliers. Pour rendre cet enseignement plus efficace, dans les écoles de garçons, des cours spéciaux sont donnés au personnel enseignant par un professeur de gymnastique. En outre, il est formé dans ces dernières écoles, des corps de cadets dirigés et commandés par des professeurs de la Commission. Mais alors les exercices ont lieu en dehors des heures de classe.

Dans les écoles des Dames de la Congrégation, les exercices de callisthénie se donnent par les maîtresses de classe sous le contrôle d’une directrice générale. Les autres écoles de filles reçoivent aussi cet enseignement sous la surveillance immédiate de la directrice locale. »

Le festival sportif des écoliers (1930-1939)

De 1930 à 1939, le Festival sportif des écoliers regroupe plusieurs milliers d’élèves des écoles de la Commission. Le festival a lieu en juin de chaque année au Stade de Montréal, sur le site de l’actuelle école Pierre-Dupuy. De 1930 à 1937, le festival est organisé par l’Alliance des professeurs de Montréal. C’est une fête sportive avec de l’athlétisme et de la gymnastique. Il y a des épreuves sportives entre professeurs. Des prix sont distribués, qui font la joie des élèves, surtout pendant ces années sombres de crise économique. Les plus convoités sont des bicyclettes CCM. Le programme comprend aussi de la musique et des jeux. Le 13 juin 1938, douze-cents écolières, dirigées par Cécile G. Grenier participent au festival avec de la danse et de la gymnastique rythmique.

Le service de l’éducation physique (1937)

En 1937, les autorités scolaires organisent le Service de l’Éducation physique et en confient la direction à un militaire, le lieutenant-colonel Lauréat St-Pierre. En 1938, la direction des Études lui nomme une assistante, pour les écoles de filles, Cécile G. Grenier.

Le mandat du nouveau service est défini par la direction des Études en 1938 :

« Réorganiser cet enseignement dans toutes les écoles de garçons et de filles, élaborer des programmes, entraîner et former des titulaires, préparer et organiser les concours inter-groupes, les grands numéros de gymnastique en vue (…) des démonstrations de fin d’années.

Chaque groupe d’élèves reçoit une fois la semaine, deux leçons régulières d’éducation physique d’une demi-heure chacune.

En 1942, le directeur de l’éducation physique, le major J.-E. Gagnon, écrit que les écoles de la Commission ont un retard important sur la commission scolaire protestante, au nombre des installations sportives et des enseignants spécialisés. La Commission compte 100,000 élèves répartis dans 250 écoles avec 2 gymnases et 6 enseignants spécialistes. La commission protestante, 40,000 élèves pour 68 écoles avec 48 gymnases et 45 enseignants en éducation physique.

La culture physique et les filles 1937-1965.

La pionnière et fondatrice Cécile-G. Grenier

Madame Cécile-G. Grenier (1907-2003) est un véritable « monument » de l’enseignement de l’éducation physique pour les filles au Québec.

Cécile-G. Grenier est née à Montréal en 1907. En 1927, à l’âge de 20 ans, elle débute sa carrière d’enseignante de français et d’anglais pour la CECM. En 1932, elle obtient son brevet du gouvernement fédéral pour enseigner l’éducation physique. De 1937 à 1951, elle est directrice adjointe du service de l’enseignement de l’éducation physique. De 1951 à 1971, madame Grenier est conseillère pédagogique en éducation physique et responsable de la formation des spécialistes.

Dans une entrevue de 1976, citée par l’historienne Élise Detellier, madame Grenier se rappelle ses premières années à la CECM :

« C’était très dur à l’époque où il était scandaleux que les filles fassent de la gymnastique, une époque dominée par les religieuses, les robes longues, l’interdiction de danser, l’absence de costume, de gymnase, d’équipement et de piscine ». Élise Detellier. Mises au jeu. Les sports féminins à Montréal 1916-1961. Éditions du remue-ménage, 2015, p. 94.

Pour l’historienne Detellier, Cécile-G. Grenier est véritablement une pionnière de l’enseignement de l’éducation physique au Québec :

« Grenier a ainsi joué un rôle crucial dans les débuts de l’éducation physique des filles chez les Canadiens français, en mettant au point le premier programme d’enseignement de cette matière à la CECM et en formant au Québec les premières spécialistes francophones (…) L’étude de sa conception de l’éducation physique est donc cruciale pour mieux saisir le développement des sports féminins au Québec des années 1940 à 1965 ». É. Detellier. Les sports féminins à Montréal, p.99

Un film sur Les sports à l’école du Plateau (Parc Lafontaine) en 1942. Source Archives CSDM :

https://www.youtube.com/watch?v=typ4d6Ep6cg

Pour l’éducation physique des filles : Detellier, Élise. Mises au jeu. Les sports féminins à Montréal 1919-1961. Les éditions du remue-ménage, 2015.

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